La dépression des beaux-pères
Il n'est pas fréquent de parler de la dépression chez les hommes. Pourtant, une étude américaine publiée le 5 février 2015 et réalisée par Kevin Shafer de la Brigham Young University et Garrett T. Pace de Princeton, révèle que le risque de dépression lié aux problèmes rencontrés dans la parentalité est bien réel, notamment pour les beaux-pères.
Beau-parent : un rôle multiple
Le beau-père est souvent parent et beau-parent ; c'est précisément ce double, voire triple, rôle qui rend sa place difficile : il peut être parent d'un premier mariage, beau-parent dans sa famille recomposée et à nouveau parent d'une seconde union. Les beaux-pères seraient, selon l'étude, 57 % plus susceptibles de faire une dépression que les pères monoparentaux.
Ainsi, le nombre de personnes avec des rôles combinés a augmenté au cours des dernières décennies. Cela est dû, en partie, à des changements importants dans les formes prises par la famille (20 % des familles sont monoparentales, 10 % de familles sont recomposées). De ce fait, de nombreux rôles parentaux peuvent être psychologiquement difficiles pour les hommes et les femmes en raison de la nécessité d'équilibrer ces rôles. Par exemple, de nombreux couples remariés ayant chacun des enfants biologiques, donc des beaux-enfants, vont avoir ensemble un nouvel enfant biologique permettant de lier cette famille recomposée. Mais cela peut augmenter le stress chez les adultes en raison des systèmes familiaux complexes ainsi créés.
Ces rôles parentaux multiples peuvent avoir des effets plus négatifs sur les hommes que sur les femmes. Les attentes des parents hommes peuvent varier considérablement en fonction de l'état biologique et résidentiel des enfants. Il est relativement commun pour un homme remarié d'avoir un enfant biologique non résidentiel de son premier mariage. L'ambiguïté dans le rôle parental vis à vis de l'enfant non résidentiel peut se manifester de diverses façons, allant du désengagement total à une attitude de soutien de famille avec implication importante. L'enfant n'étant pas là au quotidien, les pères peuvent compenser cette absence en prenant un rôle plus paternel avec leurs beaux-enfants du fait de leur statut résidentiel. Ce conflit comportemental pourrait causer un stress substantiel chez les beaux-pères.
Selon les rôles parentaux des mères et des pères, les facteurs de déprime diffèrent. De la même façon qu'on souhaiterait être un bon parent, on veut - peut-être encore plus - être un bon beau-parent : malheureusement, il n'y a pas de recette miracle. Cette crainte de mal gérer peut être aussi facteur de stress.
Aujourd'hui, ni les travailleurs sociaux ni le corps médical n'apprennent à prendre en compte ces facteurs liés au rôle parental dans ces nouvelles formes de familles qu'une seule et même personne doit gérer. De ce fait, les symptômes révélateurs de la dépression sont souvent ignorés ou sous-estimés par rapport à leurs conséquences réelles sur l'état psychologique du parent.
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